you're the one that burned three hundred of my warriors alive.

L'explosion avait retentit aussi fort que le bruit du crash des stations sur Terre. Ce soir là, même à Polis le sol s'était mis à trembler, et du haut de sa fenêtre, Leksa observait ces morceaux enflammés qui tombaient du ciel comme des mouches. Elle venait certainement d'envoyer trois cent de ses guerriers à la mort, c'était une évidence. Anya était avec eux. Mais au vu de l'explosion qui venait d'avoir lieu vers la Navette, il n'y avait plus de doute. Ses guerriers étaient certainement morts. Elle avait échoué. Ce Peuple du Ciel se montrait coriace, et la guerre contre eux semblait ne pas vouloir se terminer. Elle devait aller sur le terrain, c'était une obligation désormais. Se rendre compte d'elle-même de la sauvagerie de ces nouveaux venus. Convaincre Titus ne fut pas une mince affaire, ce dernier détestant qu'elle quitte la capitale. Mais c'était important. Trois gardes à ses côtés, un cheval ainsi que ses deux armes, et la voilà fin prête pour entamer le long trajet vers la Navette. Elle a tout de même pensé à ne pas prendre la tenue de Commandant, la gardant bien au chaud sur son cheval avec quelques vivres. Le camouflage, c'est de l'art. Pas de maquillage, ou très peu, et elle range la pastille du Commandant dans sa poche. Ainsi, elle ne sera pas reconnue.

C'est au petit matin qu'elle arrive auprès de la Navette. Laissant alors là son cheval avec des gardes, Leksa se dirige doucement vers le lieu du massacre, en toute discrétion. Son poignard à la main, elle observe, écoute ces étrangers qui sortent de la Navette, cherchant certains des leurs qui ne sont plus là. Elle voit les cadavres carbonisés, les cendres. Et cette blonde aux cheveux ondulés, qui s'éloigne en direction d'une rivière, un peu plus loin. Les lèvres pincées, Leksa pense la reconnaître, au vu de la description que lui a fait Anya. Ce serait leur leader. D'un signe de tête, elle prévient les gardes de lui laisser de la distance, et s'avance, seule, en direction de la rivière. Tout est dans le jeu, maintenant. Un peu de terre sur les joues, le visage, ses longs cheveux tressés flottant librement dans son dos. Elle inspire, puis s'approche de l'autre côté de la rivière, pour arriver face à Clarke, en silence. Elle l'observe, la regarde, jusqu'à marcher sur une branche pour attirer son attention. Elle reste prudente. Cette fille pourrait certainement lui ôter la vie.

Qui aurait cru qu'on aurait pu y arriver ? Lorsque les Natifs nous sont tombés dessus, ont tué un à un les nôtres... Lorsqu'on comprenait qu'ils nous obligeaient à utiliser toutes les munitions et que certains étaient à court, qu'ils n'avaient plus de quoi tirer sur l'ennemi... Cet ennemi capable de nous tuer d'une flèche ou d'une lance. On aurait pu être un jouet entre leurs mains et pourtant... On avait gagné. On avait gagné au prix de trois-cent - plus ou moins - morts chez les Natifs. Le nombre était impressionnant... Mais ça avait été nécessaire. Pour notre survie, notre survie à tous... Tout autour du vaisseau, ce n'était que cendres... Chair calcinée... Une odeur si écoeurante... Elle me soulevait le coeur, tout comme ce sentiment : celui de la joie d'être en vie, mélangé au poids de ces morts... Mais l'heure n'était pas à se plaindre d'avoir tiré ce levier, d'avoir défendu nos vies face aux Natifs qui voulaient notre mort, à tous. Il fallait retrouver les membres perdus : Bellamy, Finn et bien d'autres ! En espérant qu'ils aient eu le temps de fuir. Mais aussi s'occuper des blessés qu'on avait su ramener dans le vaisseau. Je me souvenais des herbes, les algues utilisées pour la plaie qu'avait eu Jasper. Nous n'en avions plus assez pour soigner nos blessés et c'était bien ma priorité - notre - pour le moment ! Le camp était inutilisable, certes, mais il était impossible de se trouver un autre refuge avec des blessés et les abandonner : jamais. Jamais on ne laissera quelqu'un derrière quoiqu'il ait fait. Alors, oui, il fallait s'occuper des blessés. S'installer ailleurs et envoyer des patrouilles retrouver les perdus, même si certains les appelaient déjà, leurs cris cassant le silence de mort régnant dans cette forêt à l'odeur âcre... Un mouvement de la tête, je roulais des épaules en me disant que nous avions un temps de répit. Les Natifs avaient perdu beaucoup d'hommes et de femmes, bien des guerriers avaient péri et cela nous laissait bien un peu de temps. Je partais donc, j'allais vers la rivière en prévenant au préalable les autres - au cas où -. Par réflexe, j'avais tout de même une main sur le couteau improvisé avec l'épave. On ne savait jamais que certains Natifs survivant ne soient dans les parages, prêts à nous sauter dessus.

Aux abords de l'eau, je prenais quelques instants pour plonger mes mains dedans, profiter du froid de ce liquide et en passer sur mon visage. J'étais à genoux, lorsqu'un bruit me fit sursauter. Par réflexe, je sortais le couteau - bien que Bellamy ne m'ait entraîné qu'avec un fusil et que, donc, mes "talents" se limitaient à l'improvisation -. D'un bond, je m'étais relevée, le coeur battant avec force dans ma poitrine. Jusqu'à observer cette silhouette de l'autre côté. Seule l'eau nous séparait et j'arrivais à maîtriser ma peur. Car je connaissais que trop bien les talents de ces tueurs... Jasper, Finn, tous en avaient fait les frais. Tous... Quand je disais que certains étaient là, prêt à nous sauter à la gorge... La jeune femme face à moi, n'était que la preuve de mes doutes, de mes peurs. La prise plus ou moins assurée sur le manche de l'arme, je reculais d'un pas : fuir ? Impossible. Combattre ? Il paraissait que, sous l'effet de l'adrénaline, un être humain était capable de tout. Crier à l'aide ? S'il y en avait d'autres, j'étais dans de beaux draps. Il ne me restait pas beaucoup de choix, à part celui d'essayer de fuir l'affrontement par la parole. Mais, vu ce que j'avais fait subir aux siens, vu le massacre, je doutais recevoir un traitement de faveur... "Un combat est inutile. Vous le savez tout comme moi. Rentrez chez vous tant que vous le pouvez." Un regard sur l'eau, sur les branches, sur l'adversaire. Improviser. C'était tout ce que je pouvais faire. Improviser. Jouer des pierres humides pour lui faire perdre l'équilibre si elle me chargeait. Espérer qu'elle tombe dans l'eau... Oui. J'avais le plan si, malgré tout, elle attaquait. Utiliser la Nature à mon avantage... Même si la brune face à moi, devait mieux la connaître que moi...

L'odeur de la mort, des cadavres calcinés venait empester jusqu'à la rivière. Et c'est devant cette jeune fille blonde, pas plus âgée qu'elle -plus jeune, certainement-, que Leksa se tenait. Son poignard en main, la native toisa un long moment la jeune femme et son couteau, observant sa main qui tremblait. Elle n'avait pas l'habitude d'une telle arme. Pathétique. Inspirant longuement, Leksa finit par ranger le poignard dans son étui de cuir, accroché à sa ceinture, avant de se redresser et de faire un pas vers l'eau. " Je n'avais pas l'intention de me battre contre vous, pas aujourd'hui du moins. Vous devriez filtrer l'eau de la rivière si vous comptez la boire, au vu de l'explosion d'hier. " Secouant doucement de la tête, la native fait quelques pas, s'approchant jusqu'au bord de la rivière, le bout de ses bottes de cuir effleurant à peine l'eau. Ne pas se dévoiler maintenant. La jeune fille ne peut pas savoir qu'elle a la Commandante de la Coalition juste devant elle. Oh non, les conséquences seraient terribles.

Relevant finalement son regard d'émeraude vers l'inconnue, Leksa la toise, détaillant chaque partie de son corps comme si elle la passait aux rayons, tâchant de repérer ses points faibles, et ses avantages. Au combat au corps à corps, elle n'en a certainement aucun contre la native, entraînée depuis ses deux ans. Mais elle peut alerter les autres, car il y en a forcément d'autres. Et contre une arme à feu, Leksa ne peut pas grand chose. Pinçant les lèvres un court instant, la brune réfléchit, puis inspire et s'accroupit devant l'eau, y passant le bout de ses doigts. " Vous avez fait de nombreuses victimes cette nuit. Comment vous appelez-vous ? " Elle plisse un peu les yeux, avant de se relever et de la regarder. Peut-être qu'ils gardent Anya prisonnière, allez savoir ? Avec un peu de chance, son mentor s'en est tiré. Mais elle a peut d'espoir, elle l'aurait certainement remarquée en observant la Navette.

Mes yeux captaient le mouvement, cette arme qui était rangée dans un lieu sûr. Toutes les possibilités tournaient dans ma tête : était-ce vraiment parce qu'elle ne souhaitait pas attaquer ? Que cette Native n'était venu que... Que pour quoi, en fait ? Mes sourcils se fronçaient, devant cette question sans réponse, devant cette interrogation : pourquoi venir me voir, autre que pour me tuer, assénant un coup dur aux 100, au vue de la disparition de Bellamy, en plus ? Pour discuter ? Serait-ce une Native comme Lincoln, qui avait tout de même fini par nous aider ? Sauf que lui, c'était pour Octavia... Que faire ? Faire confiance ? Son arme était rangée... Certes, elle pouvait la sortir avec plus de rapidité et d'aisance que moi. Mais se montrer désarmé, n'était-ce pas un signe de "trêve" ? Un soupir retenu, maudissant d'avance ma décision, je rangeais l'arme à ma ceinture. Si je souhaitais que les conflits cessent entre nos deux camps, je devais montrer l'exemple en essayant de leur faire confiance. De ne pas tendre le bâton pour se faire battre. "Merci du conseil mais je ne comptais pas la boire." J'avais juste eu besoin de passer de l'eau - noire de suie mais de l'eau tout de même - sur mon visage. Pour que le froid me rappelle à l'ordre et me remette les idées en place. Broyer sur la décision de lever ce levier, n'était pas sain pour le groupe, ni pour moi. Il fallait que je me ressaisisse et faire cela avait pu mettre un peu de clarté dans mes songes. Je n'allais tout de même pas expliquer ça à cette "ennemie". Cela serait avouer que j'étais en proie à la faiblesse : celle d'être touchée en ayant pris la vie de mes adversaires... Je doutais fortement qu'elle ne comprenne ce point de vue et se dise que je ne sois pas digne d'être en charge des Délinquants. Ses yeux étaient désormais dirigés vers moi... Elle me jaugeait... Typique d'un combattant, non ? Etais-je une menace pour elle ? Je dirais que si la chance était en ma faveur, pourquoi pas ? Même si je doutais réellement de pouvoir tenir à un combat aux couteaux face à elle. En plus, elle avait une "aura" comme Anya. Quelque chose qu'on n'oublie pas et qui vous fait dire qu'un affrontement, ce n'était pas raisonnable, sauf si j'avais eu mon fusil avec moi... mais les munitions étaient rares et elles étaient plus utiles pour défendre le camp, que pour moi, allant juste chercher de quoi soigner nos blessés.

Mais même sous ce regard, même si seuls la chance et une tactique précaire reposant sur ce terrain glissant, pouvaient me permettre d'entrevoir une victoire en cas d'attaque, même si j'étais épuisée par la veille : je ne flanchais pas. A mon tour, je la toisais, je me mettais droite et je me refusais à montrer la moindre faiblesse. "Les pertes étaient des deux côtés." Et je retenais ces mots : La balance a simplement penché en notre faveur. Car, sans Raven, nous n'aurions pas pu faire cela avec les réacteurs et là, les choses auraient été différentes. Je ne serais pas là, en cet instant, en train de parler avec cette Native inconnue. Mais en disant cette phrase, cela aurait tendance à faire croire que je n'avais pas confiance en la victoire assurée de mon camp. Cela me mettrait dans une position d'infériorité et je serais... Non, nous serions alors perçu comme des faibles. Des faibles contre lesquels on pouvait attaquer à nouveau. "Clarke Griffin. Et vous ?" Je me remettais à la jauger, pas pour ses compétences physiques - pas besoin de regarder pour savoir que je ne valais rien, l'entraînement des Natifs n'avait rien de comparable à quelques cours de survie et à de l'improvisation totale -, mais pour savoir ses intentions. Ce qu'elle me voulait. Etait-elle en lien avec Anya ? Etait-elle une epionne ? Une éclaireuse qui aurait eu le malheur - peu probable - de marcher sur une branche alors qu'elle souhaitait rester discrète ? Une envoyée pour un pourparler entre les deux camps ? Tant et tant de possibilités et si peu de réponses. "Pourquoi êtes-vous ici ? Vous dites ne pas vouloir me combattre, alors pourquoi ?"

Ranger son poignard était certainement un signe de trêve, un premier pas vers cette étrangère qui venait simplement de tuer trois cents de ses guerriers. De nombreux natifs la détesteraient pour ce qu'elle est entrain de faire : apprendre à connaître son ennemi. La blonde finit par ranger son couteau à son tour, et Leksa l'observa se passer de l'eau sur le visage. Des traces sombres restaient ancrées dessus, à cause de la suie. Mais ça ne gâchait en rien son joli minois, ni ses yeux d'une couleur aussi perçante. Elle ne saurait en dire la couleur, vert ? Bleu ? En tout cas, un regard fier, téméraire. Un faible sourire vint relever le coin des lèvres de la native, avant qu'elle ne s'accroupisse devant la rivière pour se nettoyer les mains. Puis, se relevant, sans que son regard ne se soit détourné une seule fois de la jeune femme, elle essuie ses mains sur son haut avant d'inspirer doucement. " Pas un seul des guerriers d'hier n'a survécu, pas même Anya, puisque aucun n'est rentré. J'ose imaginer que vos pertes sont tout de même moins nombreuses.. " Le regard de l'inconnue semble troublé, peut-être par quelques pensées qu'elle regrette.

" Il est difficile, de prendre autant de vies humaines, n'est-ce pas ? " Les yeux légèrement plissés, la brune se redresse un peu, en entendant son nom. Clarke. C'est donc elle, celle dont lui a parlé Anya. Hochant doucement de la tête, Leksa détourne alors son regard un court instant, regardant les arbres, la forêt, écoutant la respiration de l'ennemie, reniflant l'odeur encore nauséabonde de l'explosion de la veille. Elle a fait une erreur, en envoyant ses guerriers ici, n'ayant pas jaugé les capacités défensives des envahisseurs. Elle ne doit pas recommencer. " Lexa. " Pinçant les lèvres un instant, la jeune femme reporte alors son regard sur la blonde, gardant la rivière entre elles-deux. Elle pourrait la traverser, aisément. Mais elle doit encore évaluer l'ennemi. " Je voulais vous rencontrer. Anya m'a parlé de vous, durant votre rencontre. Nous vous avons fait confiance, sur ce pont, mais vous nous avez tout de même attaqués. Pourquoi ? Vous aviez demandé une rencontre pour nous trahir ? " Fronçant un peu les sourcils, la brune se décide alors à traverser la rivière, en quelques pas. Face à Clarke, désormais, qu'elle ne cesse de scruter.

Aucun guerrier n'avait survécu. Oui, je le savais. Je n'avais pas eu le choix. Nos pertes étaient "moindres" en comparaison. Oui, nous avions perdu beaucoup moins de Délinquants que les Natifs avaient perdu de guerriers dans leur rang. Mais les deux camps avaient des nombres différents. Entre les trois cent - ou plus - Natifs et les moins de cent pour les Délinquants, les taux étaient différents. De toute façon, que ce soit nous ou eux, une vie restait une vie... Bien que celles de miens valaient plus que celles de ceux osant nous attaquer. "Moindre, comparé à vos guerriers. Mais nos rangs étaient beaucoup moins fournis que les vôtres." La phrase prononcée juste après par l'inconnue, elle me tombait dessus comme un poignard qui savait à quel endroit il fallait viser. Et qui avait bien touché là où il le fallait. Je ne détournais pas le regard, trop fière, trop forte. Parce que je devais assumer le fait que j'avais tiré sur ce levier. Que j'avais brûlé vif des hommes et des femmes dont il ne restait que des ossements et des cendres. "Difficile ou pas, je n'hésiterai pas à le refaire s'il le fallait." Même si cela nous était impossible, car nous n'avions plus de quoi produire la même explosion. Mais j'étais certaine que Raven saurait trouvé de quoi nous permettre de nous sauver, de nous permettre de combattre les Natifs et d'avoir un avantage sur eux. Même si je devais tirer un autre levier. Même si je devais provoquer la perte de nombres de guerriers... Il fallait vivre avec cela. Il fallait ça pour survivre dans ce monde et nous permettre d'avoir un semblant de vie. Puis elle se présentait : Lexa. Cela me permettait d'éviter de ne la qualifier qu'en tant qu'inconnue... Ce qui me faisait poser que plus de questions. D'interrogations sur le pourquoi de sa venue... Je l'observais alors que son regard était détourné ailleurs, que je ne pouvais que regarder son visage et sa tenue... Sa prestance et cette aura qu'elle avait toujours... Puis lorsque son regard se reposait à nouveau sur moi, je fronçais les sourcils. De ce que j'avais compris, Anya était un des chefs des Natifs. Quel était donc le lien entre Lexa et Anya, pour qu'elles parlent de notre entrevue ? Pour qu'Anya ne parle avec et ne me mentionne ?

Je pinçais les lèvres alors qu'elle traversait cette "frontière" entre nous deux. Reculer pour mettre de la distance entre nous deux ? Eviter ainsi d'être à une portée de bras d'elle ? Il fallait augmenter cela pour ne pas lui donner l'occasion de m'agripper, de me mettre à terre... Mais non. Je ne bougeais pas. Droite, mes bras se croisaient sur ma poitrine et mon regard se plongeait dans celui de mon "opposante". Celle dont je ne connaissais que le nom et la "non-intention" d'attaque. "Me rencontrer ? Seulement pour me poser ces questions-là ?" Un sourcil légèrement haussé, je répondais ensuite à ce pourquoi. Pourquoi les avoir attaqué lors d'une tentative de négociations. Lors d'une entrevue qui aurait dû mener à une alliance, une trêve entre nos deux camps. Une rencontre pour les trahir, bien sûr que non. Peut-être est-ce que les autres 100 auraient souhaité cela. Profiter de cette rencontre pour faire tomber une des têtes de l'Hydre. Mais non. Le but avait été réellement la paix entre nos camps... Paix qui n'avait même pas duré quelques minutes. "Et vous ? L'un de nos guetteurs a vu l'un des vôtres prêt à nous attaquer. Il a réagi, comme n'importe qui l'aurait fait." Jasper avait souhaité m'aider, me sauver d'une attaque qui aurait sûrement été mortelle, lorsque l'on voyait la précision avec laquelle ils avaient empalé d'une lance ce pauvre Jasper. "Si vous souhaitez savoir nos intentions désormais, ce n'est pas de déclencher une autre guerre." Une légère inspiration, quelques secondes. Le temps de la scruter un instant, voir sa réaction... Les Natifs étaient si différents de nous... Je l'avais remarqué avec Lincoln, avec Anya, avec les guerriers que j'avais aperçu... Et désormais, c'était encore plus flagrant avec cette - Guerrière ? Ambassadrice ? Chef ? - Lexa. "Êtes-vous ici pour imiter ce que vous pensez que l'on a fait ? Faire croire à une discussion en paix et m'attaquer ? Car, si c'est le cas, vous avez fait erreur sur les intentions de notre première rencontre... Et que cela risque simplement d'embraser des braises à peine calmées."

Hochant doucement de la tête à sa réponse, Leksa savait qu'elle avait raison. Le peuple du ciel n'était pas aussi nombreux qu'eux, le peuple natif. Une centaine d'individus, c'est ce qu'ils avaient compté. Mais avec hier soir, ce crash du vaisseau spatial vers les plaines, ils étaient sûrement beaucoup plus. " Maintenant, vous êtes plus nombreux, vu que du renfort est arrivé du ciel. En avez-vous encore beaucoup, la-haut ? " Elle inspire doucement, puis hoche doucement de la tête en l'entendant lui dire qu'elle n'hésiterait pas à le refaire. " Donc vous avez encore de quoi nous brûler. Vous êtes définitivement pleins de ressources. Et quelque peu agressifs. " Pinçant les lèvres, Lexa détourne alors le regard, réfléchissant, se perdant un instant dans ses pensées. Elle aurait bien besoin de cet explosif, pour franchir la porte de la Montagne et récupérer les siens -si tant soit peu qu'ils sont encore en vie-. Mais au vu de l'attitude menaçante de la blondinette, les choses risquent d'être corsées.

Inspirant longuement, la native finit par traverser la frontière entre les deux jeunes femmes. Les mains croisées dans son dos, elle ne cesse de jauger Clarke du regard, évaluant la moindre chose qu'il pourrait se produire. Rester en sécurité, pour le bien de son peuple. C'est tout ce qu'elle doit faire. Alors, elle est prête à se défendre, si Clarke risque quelque chose de stupide. Elle inspire, puis secoue de la tête. " Ils se tenaient prêts au cas où les choses tournaient mal, ce n'est pas pour autant qu'ils auraient attaqué, puisque vous aviez demander une trêve. Que vous n'avez pas respecté. Et non, Clarke, je ne suis pas ici pour vous tendre un piège, je ne m'abaisserais pas à votre niveau. " Secouant doucement de la tête, Leksa s'éloigne de quelques pas, avant de revenir auprès de la blonde, la toisant de nouveau. " Je ne suis pas ici pour faire une déclaration de guerre, Clarke du Peuple du Ciel. Je ne souhaite pas te voir brûler encore une fois trois cent guerriers. Mais plusieurs de vos navettes se sont écrasées sur Terre hier soir, avec des survivants. Si vous augmentez vos effectifs pour nous attaquer, tu peux bien comprendre que nous devons nous tenir prêts. Je viens tâter le terrain, et te rencontrer, comme je l'ai dis. Si ton but n'est pas de déclencher une nouvelle guerre, alors prouve-le. Nous vous avons fait confiance une fois, et ça n'a pas fonctionné. La balle est dans votre camp. " Elle inspire longuement, ne bougeant plus, ses yeux clairs rivés dans ceux de son opposante.

Rester neutre tandis qu'elle parlait des morceaux de l'Arche qui s'étaient écrasés sur Terre. Ils avaient dû mourir lors de l'impact sur Terre. Ce n'était pas des navettes comme celui dans laquelle les 100, nous étions arrivés sur ces lieux. Je retenais cette grimace de douleur en imaginant devoir faire le deuil de cette mère que j'avais passé les dernières semaines à haïr après avoir appris ce qu'elle avait fait... Je lui en avais voulu, j'avais écourté chacune de nos entrevues pour qu'au final... Je regrettais ce que j'avais fait. Ne pas avoir profité des derniers moments avec elle. Au moins, il était rassurant de voir que le bluff fonctionnait, qu'elle croyait qu'on avait assez de ressources pour réitérer la même attaque, la même explosion. Son regard se détournait et je comprenais alors qu'elle était sûrement perdue dans ses pensées. Sûrement en train de peser le pour et le contre de savoir que nous avions de telles capacités. Elle nous croyait agressif, ce qui était ennuyant étant donné qu'on souhaitait une certaine paix. Certains d'entre nous, l'étaient - Murphy était un bon exemple, Bellamy à ses heures perdues -. Mais nous n'étions pas tous comme ça et si elle croyait qu'on était tous de la sorte, elle pourrait croire et transmettre qu'une trahison - comme ce qu'elle disait sur le pont, alors que ce n'était en aucun cas de notre faute - était fort probable provenant de chez nous... Je restais droite et sans bouger d'un centimètre, qu'elle traversait cette frontière, qu'elle s'approchait de moi. Je ne bougeais pas, je l'observais, le vert de ses yeux brillant d'une étincelle bien à part que celle croisée dans le regard des autres Natifs connus. Pas de piège, certes. Mais je ne comptais pas repartir en la laissant croire que nous étions tous des traîtres ne respectant pas leur parole. "Parce que les vôtres n'auraient jamais pu se méprendre sur nos intentions et attaquer pour protéger Anya ? Si la trêve n'a pas été respectée, c'est parce que Jasper a simplement voulu me protéger. Il s'est peut-être trompé... Mais, sincèrement, ça aurait pu arriver de votre part aussi." A notre niveau, n'est-ce pas ? Je secouais la tête, comprenant que ce sujet allait tourner en rond un temps indéfini. "Notre but était réellement la paix. Enfin... Chacun son point de vue, non ?" Elle me toisait à nouveau après avoir marché un peu. Cette couleur émeraude était brûlante. Mes mots devaient être choisis avec soin. Prouver que je souhaitais la paix ? Des survivants ? Tout ça se mélangeait dans ma tête... Des survivants aux navettes... Ma mère serait-elle en vie ? Saurais-je la revoir malgré tout ? Non... Pas maintenant, ce n'était pas le moment... Me mordillant quelques instant les lèvres, je réfléchissais.

Comment pouvoir lui prouver que je souhaitais la paix ? Je ne pouvais pas le décider ainsi, boum ? Les survivants risqueraient de mal prendre le fait que j'ai pris cette décision si vite après le conflit mais... passer un traité après une bataille, c'était ce qu'il se passait en général en guerre. Soyons donc honnête : nous étions en guerre. "Te prouver que je ne veux pas une autre bataille ? Là, maintenant, je ne peux que t'offrir ma parole. Qui n'a pas l'air de valoir grand chose à tes yeux..." Une main en l'air en signe de paix, mon autre main attrapait la seule arme que j'avais sur moi pour la jeter dans les cailloux autour du cours d'eau. J'étais complétement désarmée face à elle. C'était le seul signe que je voyais pour lui montrer que je lui faisais confiance, assez pour être sans arme face à elle. Les mains levées, je ne détournais pas le regard. "Si, comme tu le dis, il y a des survivants dans les navettes, ils ne sont pas venus vous combattre. Ils viennent simplement ici car ils n'ont sûrement pas eu d'autres choix. Comme nous : si on a été envoyés sur Terre, c'est parce qu'on allait mourir dans l'espace. S'il y en a d'autres ? Non. S'ils sont armés ? Plus que nous. Voilà, j'ai été honnête avec toi. C'est tout ce que je peux offrir actuellement : la vérité." En omettant que j'avais menti par rapport à une seconde explosion comme hier. "La vérité et une promesse : celle de les convaincre de ne pas vous attaquer." Mes mains se baissaient et j'en tendais une vers la Native. "Et je rencontrerais vos chefs. Sur votre territoire. Quand ils le décideront."

Se perdant un court instant dans ses pensées, Leksa réfléchissait. Si ils avaient assez de ressources pour recommencer une telle attaque, ils pourraient faire sauter la porte du Mont Weather. Mais une trahison restait toujours possible. " Qu'aurais-tu fais, à notre place, Clarke du Peuple du Ciel ? En vivant dans un endroit, seuls depuis des dizaines d'années, se battant pour ta survie.. Et un jour, voir débarquer du ciel une centaine d'individus armés, les voir se poser sur tes terres. Tu les aurais laissés en paix, essayant de les éviter ? Ou tu te serais battue pour ce qui t'appartiens ? Pour vivre ? " Les sourcils légèrement froncés, Leksa lui posait là une vraie question, sans une once d'hostilité dans la voix. Elle devait comprendre, voir les choses à travers les yeux de l'ennemi, pour mieux l'appréhender. Inspirant longuement, la brune secoue de la tête, puis inspire. " Ils avaient ordre de tirer uniquement si Anya était attaquée. Si nous ne vous faisions pas confiance, nous n'aurions pas envoyé une cheffe de guerre au devant du front, à découvert. Nous aurions pu nous méprendre, si vous étiez venu armés jusqu'aux dents, et hostiles. Nous n'imaginions pas que vous aviez des explosifs. Mais oui, chacun son point de vue. Nous ne sommes cependant peut-être pas si sauvages que vous le pensez. Du moins, pas tous. " Inspirant doucement, la native reporte son regard sur la jolie blonde, détaillant le fond de ses yeux, cherchant une once de mensonge, de trahison. Mais rien de tout cela ne lui apparaît.

Elle semble sincère. Mais elle ne peut pas lui faire confiance, pas après la rupture de la trêve, pas comme ça, en prenant une décision qui impactera tout son peuple. " Non, en effet ta parole n'est pas suffisante. Plus maintenant. " Les lèvres légèrement pincées, le menton relevé, Lexa s'approche de quelques pas en la voyant jeter son arme. Instinctivement, elle se glisse entre Clarke et cette dernière, penchant légèrement la tête sur le côté avant de se redresser. Encore quelques pas, et la voilà toute proche de Clarke, si près qu'elle pourrait sentir son souffle contre le sien, qu'elle entend sa respiration. " Alors tâche de respecter cette promesse. La moindre attaque envers l'un de nos villages annulera cette avance, cette trêve que je te laisse pour le moment. Et nous viendrons vous éliminer, Clarke du Peuple du Ciel. Vous débarquez du jour au lendemain, sur nos terres, et attendez de nous que l'on vous accueille les bras ouverts ? Ce n'est pas dans notre nature. Mais nous avons sûrement un ennemi commun. Respecte ta promesse, et je viendrais te trouver. " Elle inspire doucement, puis, enfin, un sourire fleurit sur ses lèvres quand elle entendant la blondinette parler des chefs. Lui tendre une main. Adorable. Effaçant ce sourire aussi vite qu'il est apparut, Leksa serre alors son avant-bras dans le sien, doucement, en signe de traité. " Tu viens juste de le faire. Ne me trahis pas. " Elle la lâche alors, reculant pour traverser la rivière de nouveau.

Ce n'était pas faux. Eux, ils avaient vécu ici toute leur vie et nous étions arrivés, fait notre chez nous autour de ce vaisseau. Nous avions compris que par delà la rivière, c'était chez eux et nous l'avions respecté. Malheureusement, en voulant faire bien, nous avions mal fait. Mais eux aussi, ils ne comprenaient pas l'étonnement de chacun d'entre nous lorsque nous avions compris qu'il y avait d'autres personnes. Qu'il y avait des "survivants" de ce qui aurait dû réduire le peuple terrestre à néant. Animaux avaient survécu, humains... Mais tous étaient différents d'avant, de ce que j'avais vu dans les livres. De ce que j'avais appris, des êtres que nous étions avant. "Tu as bien vu ce que j'ai fait lorsque les miens ont été menacés, non ?" Moi qui avais pourtant voulu essayer la voie de la paix, j'avais dû prendre celle de la violence. J'avais tué. Décimé toute une armée de Natifs. Moi qui aurais préféré que cela ne finisse pas dans le sang. "Lexa, note ceci : je ne vous ai jamais traité de sauvages. Certains le pensent sûrement parmi nous mais, comme tu le dis, tout le monde n'est pas comme ça." Avais-je pensé à ce mot, à un moment ? Peut-être lorsque la colère avait été trop forte mais je ne voyais pas en quoi ils seraient plus sauvages que certains des 100, lorsqu'on avait mis les pieds sur Terre. Lorsqu'on avait commencé à vouloir faire la Loi par nous-même. Puis il fallait faire ses preuves... Enfin, mes preuves. Je devais lui prouver que je n'étais pas une menace. Que je voulais bel et bien la paix entre nos deux peuples. Alors, je m'étais désarmée. Ce que n'importe qui aurait trouvé idiot. J'entendais déjà le cri enragé de Bellamy, me traitant sûrement d'inconsciente, le cri inquiet de Finn, qui aurait été capable de sauter sur la Native en la croyant menaçante. Surtout qu'elle était proche. Peut-être armée. Peut-être prête à me transpercer d'une lame que je n'avais pas remarquée. Mais je ne défaillais pas. Je restais droite, mon regard dans le sien, le bleu dans le vert. La tête haute, sans aucun tremblement, sans laisser passer la trace d'un doute, d'une peur. Je lui avouais : nous étions là pour survivre, nous n'avions pas eu le choix... Et elle me répondait. "Un ennemi commun ? Lequel ?" Mon esprit se mettait à réfléchir, à penser à ce qui pouvait être un ennemi des Natifs mais à part la Nature qui semblait peu encline à laisser les gens en vie, je ne voyais rien. Un sourire s'affichait enfin sur le visage de la Native qui me tenait le poignet avant de reprendre la même expression que précédemment. "Ne me trahis pas non plus." Mais je ne pouvais m'empêcher de me demander... Elle était l'un de leur chef ? Mes sourcils se fronçaient alors qu'elle reculait pour passer à travers cette ancienne frontière entre nous deux, cette rivière dans laquelle je devrais récolter des algues au lieu de discuter. "Pourquoi être venue seule ? Tu dis ne pas me faire confiance mais nous ne sommes pas si loin de mon campement. J'aurai pu crier et ramener les autres par ici pour t'éliminer au moment même où tu as fait du bruit. C'était risqué." Car même si je n'avais aucune chance au combat - corps-à-corps ou au couteau - contre Lexa, j'aurai pu crier et voir d'autres venir avec des armes pour lui tirer dessus. Parce que l'enlever n'aurait servi à rien à leurs yeux...

Un fin sourire sur les lèvres, Lexa hoche doucement de la tête en entendant la jolie blonde lui dire qu'elle ne les a jamais traités de sauvage. « Oui en effet. Nous sommes certainement partis sur de mauvaises bases, mais faire changer d'avis ton clan ne sera pas aisé. » Et les siens non plus, mais ça.. Est-ce bien utile de le préciser maintenant ? Elle doit encore en discuter à l'ambassade, et ce ne sera vraiment pas une tâche facile. Elle ne devrait pas tarder à rentrer, d'ailleurs. Mais Clarke s'était désarmée pour lui prouver sa bonne foi, et avait de fait attiré l'attention de Lexa. Alors, elle daigna évoquer cet ennemi commun, ces hommes qui leur enlevaient beaucoup trop sans jamais leur rendre. « La montagne. Ils nous prennent certains des nôtres et les transforment en ces monstres que tu as déjà vu. Les faucheurs. D'autres ne reviennent jamais. Et ils ont prit certains de ton peuple, cette fois. » Elle inspire longuement, désignant l'imposante montagne du menton, avant de reporter son regard d'émeraude sur celui de la blondinette.

Finalement, Lexa prit le loisir d'enjamber la rivière de nouveau, passant de l'autre côté avant de se redresser en entendant les paroles de Clarke. « Tu as ma parole. Mes hommes se tiendront tranquilles, le temps que nos deux peuples discutent de manière plus officielle. » Elle se redresse légèrement alors, passant une main dans ses cheveux pour plaquer un peu plus en arrière sa longue crinière. « Clarke. Si tu avais esquissé le moindre geste d'attaque, tu aurais été maîtrisée avant même de pouvoir ouvrir la bouche. Ne me sous-estime pas. Et nous devons nous faire confiance, pas vrai ? » Elle lui sourit faiblement, puis inspire et penche légèrement la tête sur le côté. « Nous nous reverrons, bientôt. Mais toute attaque envers mon peuple doit cessé, autrement, un pourparler ne pourra être obtenu. C'est entendu, j'espère. Oh, et.. Nous aurions bien besoin de ces explosifs, pour pénétrer la Montagne. » Et la brune se redresse alors, scrutant une dernière fois la jolie blonde avant de remonter le sentier. Ses pas l'emmènent auprès de ses gardes et du cheval qui l'attendent, grimpant sur ce dernier pour reprendre la route de Polis. Une première rencontre fructueuse.