i thought you were dead + ft. abby

L'espoir. L'espoir de retomber correctement sur nos pieds. Mais aussi la peur, la crainte que cette paix, cette promesse d'une réelle trêve entre les Natifs et les Archéens, que je tenais entre les mains, n'explose en de petits morceaux. Espoir et peur. Désir et crainte. Le désir de vivre une paix, de pouvoir profiter de cette Terre normalement inhabitée depuis l'Apocalypse Nucléaire. Mais aussi la peur de voir tout être détruit par l'incompréhension des "adultes" et par l'attitude d'autres membres des 100. Ceux venus de l'espace, comprendraient-ils que nous n'étions pas obligés de combattre encore et encore les Natifs ? Que, pour pouvoir vivre "sereinement", la Paix était ce qu'il fallait privilégier ? Même si l'Histoire apprenait que l'Homme combattait. Il était l'âme d'un conquérant et ne souhaitait que le conflit. Ceux, plus pacifiques, étaient rares et souvent incompris. Sauf que je n'allais pas l'être. La paix ? Elle se fera. Par n'importe quel moyen. Si elle était impossible ? Alors, on se battra comme on s'est battu. C'était ce qui tournait dans mon esprit depuis cette discussion, plus qu'étrange avec cette Native : Lexa. Qui m'avait appris que des survivants étaient là où était tombée l'Arche. Ce qui avait ravivé l'espoir de revoir ma mère car, même si je la haïssais de par sa trahison, de par sa responsabilité par rapport à la mort de mon père... Elle était ma mère. Elle était ma mère et j'avais besoin d'elle, surtout après avoir tant perdu : mon père, Wells, des Délinquants, Finn et Jasper disparus... Peut-être morts, eux aussi... ma mâchoire se serrait légèrement tandis que je rentrais dans le fameux Camp Jaha. Ce camp en l'honneur de notre ancien Chancelier... Il se serait sacrifié pour permettre aux autres de descendre sur Terre... Au moins, grâce à lui, je pouvais revoir ma mère et lui, en perdant la vie, retrouverait son fils si brutalement enlevé à la Terre... Des têtes connues, des personnes qui sauraient nous aider à mieux gérer certaines choses... parce qu'on avait su survivre jusqu'ici sans eux. Parce qu'en battant les Natifs, on avait prouvé qu'on savait se débrouiller. Que des délinquants mineurs, nous étions devenus des adultes. Nous avions été forcés de grandir en posant les pieds sur cette Terre, inconnue pour nous mais connue de nos ancêtres.

Dans la foule... Je la reconnaissais. Ma mère. Cette femme qui avait toujours ce charisme exceptionnel. De qui j'avais certains traits, qu'on était bornées autant elle que moi... Elle était là. En vie. Fatiguée, de par les traits sur son visage mais là ! Ma mère était en vie ! Mon coeur se serrait un instant, alors que le flash de mon père envoyé à la dérive clignotait dans mon esprit... Il me rappelait la douleur de sa perte ainsi que celle de la trahison apprise sur le tard... Je lui en voulais. De tout mon être... Mais mon coeur battait tellement plus fort de la savoir, là, en vie. Même si on me l'avait dit lorsque Kane et les autres étaient venus sur le Camp des 100... Mais là, c'était vrai, elle était face à moi... Elle était en vie, elle était bien là... Je me rapprochais d'elle en accélérant le pas. Mes bras se passaient autour d'elle et je profitais de cette étreinte que j'avais ressentie pour la dernière fois, il y a un mois. Lorsqu'on nous avait envoyé sur Terre, lorsqu'on m'avait sortie de cette cellule et que je m'étais raccrochée à elle, croyant qu'on allait tous être exécutés... Qu'elle me rassurait, qu'elle était là... Qu'elle me cachait sa traîtrise et sa part dans l'exécution de mon père... Ma poigne se serrait dans son dos : réconfort et colère... pour le moment, je ne disais rien. Je me taisais. Je profitais simplement, en silence, de cette étreinte chaude et rassurante. Je profitais de ne pas encore être mangée par cette haine encore présente... Car j'avais besoin d'un peu de "normalité" dans ce monde qui m'en avait offert que très peu. Sûrement aurait-elle des questions sur cette planète, sur comment j'allais... Comment j'allais... Mal mais personne ne le saura. Même elle, je ne lui avouerais pas même si je sais qu'elle le sentira sans souci. Mais j'avais appris à prendre sur moi, sur ces terres... Que paraître fort était vital et évitait d'être pris de haut par plus puissant et faire peur à ces êtres logiquement plus forts.

Une étreinte qui m'avait que trop manqué même si jamais, je n'oserais l'avouer. Des bras que je gardais autour d'elle sans un mot, sans rien, alors que je sentais ce baiser sur mon front. Que, comme à chaque fois, j'avais l'impression qu'il avait l'effet de me mettre dans une bulle... De me protéger de ce que j'avais vécu ce mois passé sur Terre. Tout en relâchant l'emprise de mes bras sur le corps de ma mère et qu'elle me laissait faire après m'avoir assuré qu'elle n'avait jamais douté de moi, je me reculais pour répondre à ses questions. A ses inquiétudes, sûrement. Comment j'allais, la grande question. Celle qui n'était que trop peu posée. Car les 100, nous avions été ébranlés par tout. Par les conflits, par les morts, par les pertes, par la vie sur Terre en général. "Je vais bien." Non, ça n'allait pas. Rien allait. J'avais dû prendre la vie à des gens sur lesquels j'avais marché avant de venir ici. J'avais vu les squelettes, les os découverts ou recouverts de peau calcinée, brûlée au point d'en devenir du charbon... Le combat était à peine fini, les cendres étaient à peine froides qu'on apprenait d'autres disparitions. Les Natifs ne nous laisseraient jamais en paix... Pourtant, j'avais bien vu leur chef : Lexa. Qui m'avait affirmé qu'elle souhaitait la paix. Elle m'avait semblé être sincère. Assez pour venir me voir, pour discuter avec moi, malgré la menace que pesait la distance réduite entre notre position et les autres Délinquants. Si elle n'était pas responsable, ni elle, ni les Natifs, était-ce cette menace qui nous menaçait tous ? Cet autre ennemi dont elle m'avait parlé ? Cet adversaire commun ? "J'étais tout simplement au campement. On soignait les blessés lorsque Kane est venu au campement avec Bellamy et les autres. Certains auraient bien besoin d'autres soins et d'un matériel plus adéquat." Un regard en arrière, un regard que je me refusais de faire paraître inquiet malgré que cela était vrai. Nous avions survécu au conflit contre les Natifs mais il fallait soigner nos blessés. Ces "estropiés" de la guerre. Mon visage se tournait à nouveau vers ma mère... Je gardais ce contact visuel avec elle. J'avais tant de choses à lui dire, à exprimer mais je n'y arrivais pas : soulagement, crainte, colère. "Comment cela se fait-il que vous soyez ici ? Que s'est-il passé ?" Ceux envoyés récupérer les 100, n'avaient pas eu le temps de nous expliquer réellement. Trop de blessés, trop de hâte de partir de cet endroit qui n'était plus sûr pour retrouver le Camp Jaha - nommé ainsi parce que, si j'avais bien entendu cette information : Jaha s'est sacrifié pour eux -. Un instant, je me mordais les lèvres avant de parler en urgence, car c'en était une. Si Kane partait à la recherche des Natifs - même par petits groupes d'hommes armés - et qu'un conflit se créait, même minime, ce que j'avais conclu avec Lexa serait caduc. Annulé. Et je ne souhaitais pas ça du tout. "Je sais qu'on vient juste de se retrouver mais... Il va falloir que je te parle de quelque chose. Enfin, à tout ceux qui sont en charge ici. C'est à propos des Natifs. On ne doit pas les attaquer, quoiqu'il se passe." J'avais confiance en ma mère, moins en Kane malgré tout... mais s'il fallait passer par lui... Je ne savais pas qui était à la tête, qui était le chef ici, désormais, qui était le nouveau Chancelier ou la nouvelle Chancelière... Déterminée, je l'étais. Je passais des futilités, des banalités alors que je venais à peine de retrouver ma mère, à ça. A ce sujet trop important que pour être gardé sous silence trop longtemps. Je n'avais sûrement pas fait ce qu'ils souhaitaient mais qu'importe : je préférais les voies de la paix et de la conciliation que la violence et la destruction. Comme l'avait dit Lexa : ils avaient combattus pour leur survie. Ils avaient ensuite vu des gens tomber du Ciel, des gens tuant et brûlant - sans le vouloir - et trahissant une potentielle trêve... Nous avions eu le rôle d'envahisseur et il allait falloir accepter cette vision de nous-mêmes si nous voulions pouvoir faire des compromis avec ceux qui ont vécu sur cette Terre si longtemps...